Sur Radio, la Minute du Coach !
Pablo : Bonjour Fabian Delahaut, de la Eagle Academy, qui nous apprend, chaque semaine, à voler avec les Aigles, depuis très longtemps.
De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Fabian : Aujourd’hui j’ai envie d’évoquer un des livres majeurs que j’ai lu il y a quelques années et qui, définitivement, comptera dans toute mon existence et que je recommande à qui veut bien m’entendre.
Malheureusement le livre est un pavé, et Dieu sait pourquoi, quand un livre est épais, il inquiète et il fait peur. C’est un peu comme si je vous disais : “ce film est admirable, excellent, sans doute le meilleur film de la décennie mais il fait 3 heures” et que vous vous enfuyez à toutes jambes.
J’ai envie de dire, a contrario : il est excellent et en plus il est long donc vous allez en profiter davantage.
Rassure-moi, ce n’est pas “A la recherche du temps perdu” ?
Non, ce n’est pas ce livre de Proust. C’est un livre de Daniel Kahneman, qui a été Prix Nobel d’Économie en 2002. Ce qui est rare, voire unique, dans l’histoire des Nobel puisque c’est un psychologue et que pour un psychologue, avoir un Prix Nobel en économie, ce n’est pas banal.
Ce livre s’appelle “Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée”.
J’en ai déjà parlé des vitesses de la pensée. Ce que nous raconte notamment ce livre, c’est notre, pratiquement, incapacité à anticiper ou plutôt à être bon en probabilités et en statistiques. Nous sommes très mauvais en probabilités et statistiques.
Nous n’arrêtons pas de nous tromper quand nous évaluons les choses, à cause de ce qu’on appelle des biais cognitifs ; donc des biais qui altèrent notre jugement, qui altèrent notre perception.
Par exemple, si la fin de l’année approche et que vous venez de vivre des moments difficiles, vous aurez tôt fait de décréter que cette année fut pourrie.
En l’occurrence, vous ne serez concentré que sur les dernières semaines et le mauvais qui provoque ce qu’on appelle un effet de halo.
En outre, la théorie peut aussi déterminer la perception. Si j’élabore la théorie, si j’échafaude la théorie que l’année 2021 fut pourrie, je trouverai bien sûr tous les arguments pour renforcer ladite théorie. Je ne chercherai que des éléments à charge, jamais à décharge. Je n’aurai pas le recul nécessaire. On appelle ça aussi une mauvaise taille de découpe. Si à la fin de la journée, vous vous dites :”c’était une journée dégueulasse, vivement demain”, peut-être qu’elle n’était pas si dégueulasse que ça et que si vous scrutez chaque instant vécu, vous allez vous rendre compte qu’il y a beaucoup d’instants neutres, beaucoup d’instants extraordinaires, mais que l’ensemble est entaché par quelques moments beaucoup plus difficiles qui prendront le pas sur tout le reste.
C’est extrêmement dommage cette mauvaise perception que nous avons des choses parce que cela nous amène à les mal juger.
Je ne saurais trop répéter aujourd’hui que l’intérêt de la métaphore de l’Aigle c’est précisément de se tenir à distance, en hauteur, d’avoir une vue globale des choses, holomorphique aussi, et en même temps d’être capable d’exercer un focus.
C’est ça voler avec les Aigles, c’est avoir notamment une taille de découpe juste.