Bienvenue en médiocracie – part.1

 

Sud Radio, la Minute du Coach

 

Pablo :  Bonjour Fabian!

Fabian :  Sus, Pablo ! Sus à la médiocrité !

Bienvenue sur Sur Radio, sous-titre : “Bienvenue en médiocratie“. C’est la thématique de la Minute du Coach de ce jour.
C’est quoi ? C’est une généralité, ça, la médiocratie?

Figure-toi Pablo, figurez-vous chers auditeurs, que ce sera carrément le thème des trois prochaines Minutes du Coach puisque j’ai exhumé 3 articles que j’avais écrits pour mon blog il y a quelques années. Je les ai trouvés encore assez bien d’actualité.

Ton blog est toujours actif ?

Mon blog est toujours actif.

On peut y jeter un coup d’œil via quelle adresse Fabian ?
Sur www.eagle-academy.com, il y a l’onglet blog. Vous pouvez y retrouver tout ce que j’ai écrit, des tas de vidéos, toutes les Minutes du Coach aussi.
Donc j’ai exhumé ces articles et puisque j’étais dans la thématique de la médiocrité… Ceux qui me connaissent savent que c’est quelque chose à quoi je suis fort attaché.
Pas tellement que je sois attentif à la médiocrité des autres. Non, ce qui me chiffonne bien plus, c’est la mienne, évidemment. Et comme on en discutait en off, la question n’est pas tellement de se demander qui est médiocre autour de moi – parce que la plupart du temps, nous sommes tous médiocres – donc c’est plutôt de se dire : “comment puis-je le plus souvent possible quitter cette zone de médiocrité ?”
La médiocrité, c’est la moyenne, c’est le milieu de la courbe de Gauss. C’est fatalement pour ça que nous y sommes tous le plus souvent. Quand je dis “tous”, c’est t-o-u-s…

J’ai une question a te poser. Est-ce que la médiocrité, c’est la zone de confort ?

Ah oui ! Le plus souvent oui. Et rien de grandiose ne se produit dans cette zone.
Sauf que la quitter exige beaucoup de courage, beaucoup d’efforts, beaucoup d’énergie et c’est bien une des raisons essentielles pour lesquelles la plupart d’entre nous sommes le plus souvent dans la médiocrité.
Et voici le premier article écrit à l’époque : “Bienvenue en médiocratie”.
Ça date de 2012 et d’un retour de mes voyages.

Et c’est toujours d’actualité ?

C’est toujours d’actualité. Tu vas le voir, vous allez tous vous en rendre compte.
L’exercice, ici, sera celui de la lecture.

Septembre 2012, aéroport de Roissy Charles de Gaule. Après un périple de 45 minutes, temps nécessaire pour effectuer le trajet avion-tapis (roulant) à bagages, un escalator me déverse sur un magma de gens, une nuée de passagers en mal de valises, tous agglutinés devant le carrousel. Un œil jeté à l’écran m’apprend que les bagages de notre vol sont en attente. Que font-ils là alors tous ces gens avec qui j’ai partagé 13 heures, entre Saigon et Paris ? Pourquoi attendent-ils et pourquoi là agglomérés, alors que le tapis crache ses bagages exactement de l’autre côté… où il n’y a personne ? Et ces sièges à quelques mètres, ces sièges vides ? Ils attendent donc debout, « au mauvais bout », et pour rien ! Afin d’éviter de mélanger ma transpiration à la leur, je me pose plus loin, choisis l’un des sièges et observe. Je ne me lèverai que quand ma valise aura franchi la ligne d’arrivée.

Cet exemple illustre, vous l’avez compris, le manque de jugement d’une foule. Et autant j’aime les gens, les individus, autant je méprise le troupeau quand il beugle sans discernement. « L’âge moderne représente le triomphe de la médiocrité collective. » Ces mots sont de Gustave Le Bon. Comme si le rassemblement interdisait l’intelligence, comme si la multitude se privait de toute lucidité, de tout esprit critique. Suivre devient la règle. Surtout ne pas réfléchir. S’abrutir.

Ecouter M’Pokora et Tal roucouler sur « Envole-moi » de Jean-Jacques Goldman. Goldman criait. Il en crevait de vouloir s’élever, d’abattre « ces murs » « à coups de livres ». Le couple gentillet, de leurs voix gentillettes de choristes, des voix sans grain, sans empreinte, aligne des mots sur des notes. Ils ne savent pas ce qu’ils chantent. Bon sang, ils ne savent pas ce qu’ils chantent ! Et les radios diffusent. Et les bœufs aiment ça. Et je ne change même pas de chaîne. Bienvenue en médiocratie.

Regarder « Joséphine ange gardien » et ne prendre aucun risque – le téléspectateur n’aime pas le risque – puisque tout se règle toujours à la fin, d’un claquement de doigts angélique. Et les bœufs aiment ça. Et je ne change même pas de chaîne. (Euh si, ici je change !) Bienvenue en médiocratie.

Savoir que tel samedi sera un samedi noir sur telle autoroute car les boeufs sont en vacances et que la transhumance les emmène tous vers les mêmes pâturages, mais ils y vont néanmoins. S’encaquer, parechoc contre parechoc pendant des heures, à manger du bitume, des gaz d’échappement, un sandwich Marino et un Snickers. Et les bœufs n’aiment pas ça mais ils ne changent ni d’itinéraire ni d’horaire. Beuglons mes frères, beuglons en chœur. Bienvenue en médiocratie.

Le lundi, les bœufs ruminent. Demandez-leur comment ils vont. Ils répondront : « Comme un lundi » ou “VV5” : « Vivement Vendredi 5 heures ». Bienvenue en médiocratie.
Aux élections, les bœufs votent par tradition, de mère et père en fille et fils. Ils votent pour d’autres bœufs en toge qui les mènent à l’abattoir. Les y mènent depuis des décades. Mais ils votent les bœufs. De leurs gros doigts boudinés serrant le gros crayon rouge. Le devoir est accompli mine de rien. De libre examen, point. Bienvenue en médiocratie.

Les bœufs naissent et paissent et s’engraissent. Leur graisse ils étoufferont dedans, creusant leur tombe avec les dents. Bienvenue en médiocratie.

La très inspirante loi de Pareto devrait pourtant nous mettre sur la voie. Si 20% de l’intrant génère 80% de l’extrant, si, pour le dire autrement, 20% de nos actions génèrent 80% de nos résultats, gageons que 20% des gens prennent 80% des bonnes décisions. Suivez les autres, les 80%, et vous êtes assurés de sous-vivre, de sous-exister, de rester dans votre petite zone de confort, où rien de grand ne se passe, car comme l’a dit Vauvenargues, « rien de grand ne comporte la médiocrité. »

Alors allez à contre-sens. Votre hôtel est en flammes. Les bœufs hurlent et se précipitent sûrement vers les ascenseurs. Allez à contre-sens.

La crise frappe leurs entreprises alors ils baissent leurs prix. Augmentez la valeur de votre offre. Augmentez les vôtres.

Quand les bœufs beuglent, taisez-vous. Quand ils dorment, levez-vous. Quand ils geignent, fuyez-les.

Et si toutefois vous vous retrouvez à beugler avec eux – ce qui m’arrive très (trop !) souvent -, le poil tout crotté de vous être couché dans la bouse, fort bien. Mais alors sachez-le. Sachez que vous êtes boeufisé. Umberto Ecco l’a dit en considérant ce passionnant feuilleton télévisé : Derrick. « Si vous regardez Derrick, sachez que vous regardez Derrick. » Le savoir, c’est se sauver déjà. C’est être moins heureux peut-être, plus amer, mais aussi plus lucide et surtout plus digne.

Je vous laisse, « Les enfants de la télé » vont bientôt commencer sur TF1. Pas rater ça pardi !
Bon Vol avec les Aigles les Amis.

 

 

 

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