Et si nous apprenions à penser ?

 

Sud Radio, la Minute du Coach !

Pablo :  Comme chaque semaine, nous partons en ballade avec Fabian Delahaut de la Eagle Academy.
Bonjour, Fabian.

Fabian :  Bonjour, Pablo.

Et si nous apprenions à penser ?
J’imagine que tu vas illustrer cette séquence par une petite histoire.

Une histoire très, très courte.
Un philosophe se promène avec un ami dans la campagne.
Soudain, il voit un troupeau de moutons et l’ami dit : “Ces moutons sont tondus.”
“Oui”, répond le philosophe. “De ce côté”.
J’aime beaucoup cette histoire car elle nous montre que la vérité vient clairement de la multiplicité des points de vue mais que surtout, on a tôt fait de conclure, avec hâte.
Ce qui nous arrange : mettre des éléments dans des tiroirs, dans des bocaux, les étiqueter. Cela nous rassure.

Les cases…

On case. On case et on case vite.
Ce qu’il faut savoir, je l’ai déjà expliqué à ce micro, c’est que quand un communicant – un sophiste, aurait dit Platon – communique avec nous, il va essentiellement communiquer à nos émotions, avec des émotions. Et ce tourbillon émotionnel va nous empêcher de penser.
Penser, c’est s’extraire de cette émotion.
C’est comme si vous aviez un verre d’eau. Là, j’ai la bouteille d’eau devant moi, je la secoue, l’eau va dans tous les sens.
Pendant que l’eau va dans tous les sens, je ne peux pas penser car le tourbillon émotionnel m’en empêche.
Alors, je la laisse reposer. Je me tiens debout, droit, face à la multitude et j’évite d’aller dans le sens de la foule.
Ce matin, je voyais une vidéo extraordinaire : une boîte en verre et une multitude de rats qui filaient dans cette boîte où ils allaient se trouver prisonniers, enfermés, simplement parce qu’il y avait de la nourriture dedans mais incapables ensuite d’en ressortir.
On suit la foule, on pense avec la foule donc on pense qu’on pense. Mais on ne pense pas.
Penser, c’est s’arrêter, exercer son libre examen, s’approvisionner à diverses sources.
Savoir que la vérité vient de la multiplicité des points de vue, des subjectivités.
Penser mérite donc, nécessite donc, l’accès au vocabulaire.
Les idées ne se déploient qu’avec le lexique.
On a donc besoin, pour une pensée qui s’articule, qui se déploie, de la rhétorique, comme la rhétorique a besoin de la pensée pour se déployer.
Et enfin, dernier mot : la pensée, par nature, par essence, presque par définition, elle se combat elle-même. Une pensée qui serait figée deviendrait un dogme.
Ce n’est pas ce que nous voulons.
Nous voulons plus d’intelligence, plus de lucidité.
Cette lucidité dont René Char disait : “C’est la blessure la plus proche du soleil.”
Bon Vol avec les Aigles.

Merci pour cette jolie réflexion, Fabian.

 

 

 

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