Et si vous deveniez un pirate ?

 

Sud Radio, La Minute du Coach.

 

Pablo :  Bonjour Fabian !

Fabian :  Bonjour Pablo !

Et si vous deveniez un pirate ? Voilà une jolie proposition, Fabian.

Oui. Alors pourquoi parler de pirates ?
Parce que dans mon métier de marketeur, il y a une tendance nouvelle que beaucoup d’entrepreneurs vont laisser passer, comme souvent, parce que quand une tendance arrive, il y a quelques personnes courageuses qui se lancent sur la vague alors que la plupart des autres sont attentistes et attendent que la vague soit passée… Puis il est trop tard, elles se plaignent et gémissent parce que leur business ne tourne pas… Je ferme la parenthèse.
Cette tendance, c’est le Growth Hacking. Donc littéralement, des “pirates de la croissance”.

Les Growth Hackers, donc, ce sont des gens qui vont trouver des techniques, parfois à moitié avouables, pour générer des croissances exponentielles, fulgurantes, spectaculaires en un temps record et avec un minimum de moyens.
Et…

Ce qui compte, c’est le résultat finalement.

Moi j’aime bien placer quelques balises éthiques quand même, comme je suis philosophe de formation, et comme pour chacun d’entre nous, il y a des valeurs avec lesquelles je n’entends pas jouer.
Mais en même temps dans les marchés… Les marchés c’est la guerre ! Alors voilà, il faut savoir que si tes concurrents utilisent certaines recettes, même à moitié avouables, et que toi tu n’entends pas les utiliser et bien tu es déjà pénalisé et handicapé.

Mais si aujourd’hui tu nous proposes de devenir pirate, c’est qu’il y a probablement une certaine bienveillance derrière cette thématique.

En tout cas, il y a une approche intéressante que l’on peut transposer à l’individu, à la personne. Le Growth Hacker, c’est d’abord quelqu’un qui teste énormément de choses et qui jamais ne se repose sur un acquis.
Il va, par exemple, changer son site internet toutes les semaines. Tu m’as bien entendu… Imagine que le site de Sud Radio change toutes les semaines en fonction de ce qu’on observe du comportement de l’internaute sur le site. Toutes les semaines. C’est un exemple parmi plein d’autres.
Alors, quand on s’amuse à transposer ça dans la vie personnelle, on se dit : “Tiens et moi, est-ce que j’ai envie de croissance ? Est-ce que j’ai envie de grandir ? Et si oui, comment ?”
Comme tu le sais, pour ce qui me concerne, je ne vois pas l’existence autrement que comme un apprentissage permanent, un épanouissement permanent.
Aller toujours à la conquête de territoires nouveaux. Être, au final, un explorateur. Un entrepreneur est un explorateur. Les plus grands explorateurs de cette planète, les plus grands conquérants, ont été soit des chefs de guerre soit des entrepreneurs.
Mais peu importe. Vous n’êtes pas tous entrepreneurs à l’écoute de Sud Radio. Moi ce qui m’intéresse, c’est ce que vous pouvez en faire personnellement. Et donc j’ai envie de vous dire : “Et vous, qu’avez-vous testé récemment pour faire autrement ? Pour faire autre chose, pour vivre autre chose ?”
J’ai eu la chance d’accueillir lors d’un de mes congrès, un coach, une jeune coach dont on entend beaucoup parler aujourd’hui, qui s’appelle Julien Musy. Et à l’âge de 27 ans, ce jeune homme est vraiment pétri de sagesse et il a posé quelques questions que j’ai trouvé intéressantes.
Il nous a d’ailleurs demandé : “Qu’est-ce que vous ne faites pas si vous avez peur du risque ?”
Et je me suis dit : “mais quelle question intéressante !”. Parce que, bien sûr, dès qu’il y a risque, en général, il y a étroitesse. Il y a, comme au tennis quand on joue petit bras, on a tellement peur de perdre ou de gagner qu’on se contente de remettre la balle. D’ailleurs Julien Musy est un excellent tennisman, dans les catégories de jeunes, il était champion de France.
Puis il est venu sur une autre thématique qui est connexe à ce que j’aborde aujourd’hui. Tu sais, tout ce qui nous énerve chez l’autre, chez les autres, ce qui nous enrage : “Enfin c’est quoi ce comportement, cette attitude de m…!”
Et lui, de nouveau du haut de ses 27 ans, ce n’est pas banal, il dit : “Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure êtes-vous un exemple par rapport à ce que vous reprochez aux autres ?”

Ce sont des questions qui bousculent , hein ?

Ça bouscule, parce ce que Dieu sait si on en reproche des choses aux autres.
Et dès qu’on balaie un tantinet devant sa porte, on n’est peut-être pas si fier que ça.
Mais ce type d’introspection, c’est extrêmement douloureux pour chaque être humain parce que ça met votre égo en péril et nul n’a envie de mettre son égo en péril. Tu sais qu’il y a un biais cognitif bien connu qui consiste à toujours se penser supérieur à la personne qui est en face de soi.
Alors, il dit aussi, d’où l’intérêt de tester de tester, de tester – à l’instar du pirate de la croissance en entreprise, du growth hacker – il dit (et c’est tellement juste) : “Ce qui t’a amené ici, t’empêchera d’aller là-bas.”
Je prends un exemple. Un exemple qui, à mon avis, peut parler à chacun. Imaginons que vous dirigez une équipe de foot qui est en Division 3. Elle gagne sa place pour la Division 2. Elle gagne le championnat, elle va en Division 2. Ce qui l’a amenée en Division 2 l’empêchera d’y rester. Parce qu’une fois qu’elle change de division, sans doute faut-il changer d’entraîneur, en tout cas il faudra changer certains joueurs, probablement qu’il faudra aménager le stade. Tu vois ce que je veux dire ? Ce qui m’a amené ici, si je continue, ne pourra pas m’emmener là-bas.
Il a alors posé une autre question, que j’ai trouvée vraiment très riche. Mais une fois de plus, elle n’est riche que si vous prenez le temps d’y consacrer de l’énergie avant de trouver une réponse. Pas la réponse qui arrive en un tournemain, ça, ça n’intéresse personne.
Il dit : “La personne qui réussit ce que tu veux, toi, réussir, qu’est-ce qu’elle est de différent ?” Qu’est -ce qu’elle EST, pas qu’est-ce qu’elle A. Qu’est-ce qu’elle est de différent ?
Par exemple, toi qui veux réussir la création de ton entreprise, une carrière artistique, à avoir un mari et des enfants, une Lamborghini, … Peu importe, je m’en fous finalement de ce à quoi vous aspirez. Mais par contre, vous demandez : la personne qui réussit ce que tu veux réussir, qu’est-ce qu’elle est de différent ?
Et une fois que tu as compris ça, eh bien franchi le pas. Deviens cet autre-là. Romps avec toi-même (qui est le titre d’un livre qu’il m’a conseillé).
La conclusion de tout ça, c’est que pour une entreprise, passer à une autre échelle – on dit scaler – ce n’est pas confortable. Pour un individu, ce n’est pas confortable non plus. Grandir n’est pas confortable. Devenir une meilleure version de soi n’est pas confortable. A mon sens, c’est sans doute la seule quête qui, pour autant, reste pour nous valable.

 

 

 

 

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