Sud Radio, la Minute du Coach.
Pablo : Fabian Delahaut nous accompagne le temps de la Minute du Coach.
Bienvenue, bonjour.
Fabian : Salut Pablo !
La vie de nos rêves, ça t’emmerde ?
Oui, ça m’emmerde la vie de vos rêves.
Pourquoi ?
Toi-même, si tu rêves d’une certaine vie, Pablo, et bien ta vie de rêve, elle m’emmerde.
Je vais te dire pourquoi… Tentons une expérience.
Pablo, là, comme ça, ex abrupto, dis-moi ce à quoi de plus fou tu peux penser maintenant … Là, maintenant, le truc le plus dingue que tu puisses penser, c’est quoi ?
Je n’ai eu aucune inspiration, aucune imagination…
Allez, vas-y, lâche-toi ! Le premier truc qui te vient, un truc de dingue…
Qui va t’emmerder ….
Une question d’argent, non ? Une histoire d’argent ?
Non, un truc, une idée folle … Le truc le plus fou qui puisse te passer par la tête.
J’ai envie de chanter en duo avec toi.
Quelle belle idée !
Un jour, j’ai posé la même question – je reviendrai sur ta réponse – j’ai posé la même question en formation et il y a une dame qui m’a dit : “Moi, je t’imagine nous donnant cours tout nu”.
Je lui ai dit, comme je te dis :
« Tu vois, il n’y a rien de fou à ça. Donner cours, c’est ce que je fais tout le temps, et c’est vrai que sous la couche de vêtements, il y a une nudité, la mienne ! Donc on n’est pas très éloigné d’une possible réalité. Alors, je te rassure, je ne me mettrai pas tout nu pour donner ce cours, mais il n’y a rien de fou là-dedans ».
Il n’y a rien de fou dans le fait que nous chantions tous les deux. Toi, tu adores la chanson, notamment française mais pas seulement. Moi aussi. Je suis chanteur, c’est une de mes casquettes. Donc que nous fassions un duo n’a rien de très fou non plus.
Ce que je veux exprimer par là, c’est que lorsqu’on demande aux gens de penser à quelque chose de complètement dingue, ils restent toujours dans une périphérie très proche de ce qu’ils connaissent déjà.
Or, il y a énormément de coachs aujourd’hui… Les coachs, cette appellation ne rime plus à grand-chose parce que tout le monde s’improvise coach. Ce n’est pas très contrôlé non plus…
Et donc, il y a énormément de coachs qui, disais-je, pullulent notamment sur la toile et qui nous promettent de vivre la vie de nos rêves.
Mais franchement, si promettre à quelqu’un qu’il va vivre une vie aussi étriquée parce que ses rêves sont étriqués, que lorsqu’on lui demande d’imaginer quelque chose de fou, il en est strictement incapable, alors moi, je dis : « La vie de vos rêves, je m’en fous complètement, je m’en tape, parce qu’elle n’est pas intéressante ».
Elle n’est pas intéressante car, éventuellement, vous allez rêver de la vie de quelqu’un d’autre dont – je l’ai déjà dit à ce micro – vous ne voyez que la vitrine et vous comparez sa vitrine à votre propre arrière boutique. Ce qui de facto vous amène une comparaison insupportable.
Alors je propose une autre approche. Je propose une approche artistique.
Une vraie approche artistique, hein, Pablo.
Pas de ces pseudo-artistes qui se contentent de nous infliger de la daube et du gloubi-boulga à longueur de journée parce qu’ils ont entendu qu’une chanson à la radio – désolé, tu vas peut-être te sentir concerné – une chanson à la radio, ça ne passe que si ça fait entre trois et quatre minutes – je ne sais pas si c’est 3-4 ou 2-3 – et parce qu’il faut absolument un refrain autant de fois … Et qu’il faut absolument redire la même phrase autant de fois…
C’est ce qui s’appelle le format.
C’est ce qui s’appelle le format. Et quand je respecte un format, je suis formaté !
Et ça n’a aucun intérêt. La démarche artistique, ce n’est précisément pas celle-là.
La démarche artistique, c’est quand je bouscule les codes.
J’ai une chanson en tête qui va certainement susciter un éclair dans ton regard : Bohemian Rhapsody.
Quand ça sort, c’est complètement hors format, c’est un ovni. Mais c’est une chanson qui va défier les années. Ça, c’est de l’art.
La plupart des chanteurs se disant artistes ne sont que des techniciens. Ils ont de bons ingrédients. Une bonne voix. Les instruments, c’est facile, n’importe qui peut bien enregistrer. Même n’importe qui peut chanter juste dans un studio aujourd’hui. Donc ça n’a rien de très compliqué.
Bref, tout ça pour dire que cette approche-là n’est pas ce que moi j’entends par approche artistique. Une approche artistique, elle est disruptive.
La disruption, c’est quand – en marketing, on entend alors “innovation de rupture”, la création, c’est une innovation de rupture – c’est quand je romps avec les codes.
Et ce que je vous propose, j’aurais sûrement l’occasion de revenir sur ces thématiques, c’est de vous demander :
Au fait, si vous êtes l’artiste de votre vie et non pas le rêveur de votre vie – on a bien compris pourquoi maintenant, si vous êtes l’artiste de votre vie, c’est extrêmement exigeant comme chemin – et que vous considérez que votre vie sera votre seul et unique chef-d’œuvre, alors, au soir de votre existence, quand, pour la dernière fois, vous fermerez les yeux, est-ce que vous serez fier de ce que vous avez accompli ?
Est-ce que cette vie-là méritera d’être montrée lors d’une exposition ou est-ce qu’elle méritera à peine de pourrir dans l’arrière cave d’un musée ?
Qu’est ce que vous êtes en train de créer les amis ? Quelle vie êtes-vous en train de créer aujourd’hui ?
Est-ce que vous êtes dans une politique « me too » – moi aussi, je fais la même chose que tout le monde, je vis la vie de mes rêves, mes pauvres petits rêves étroits – ou est-ce que je suis exigeant et j’exploite à plein tout ce qui est autour de moi, toutes les ressources ? Est-ce que j’explore des territoires nouveaux, est-ce que je romps avec les codes ? Est-ce que je vole avec les Aigles ?