Sud Radio, la Minute du Coach.
Pablo : Bonjour Fabian.
Fabian : Hello Pablo.
Tu aimes jouer sur les mots.
Le problème n’est pas le problème.
Non.
Il faut l’identifier d’abord, ou pas ?
Disons que ce que je veux pointer aujourd’hui, c’est surtout l’attitude qui est la vôtre au moment le problème survient.
Je risque de te surprendre ce matin puisque, nos auditeurs ne le savent pas nécessairement mais tu découvres en même temps qu’eux ce que je raconte, tu connais à peine le titre, à peine le thème, mais il s’avère que je vais vous raconter une histoire personnelle ce matin.
Une histoire qui risque de te rappeler des choses, parce que tu étais présent, figure toi.
Mon Dieu.
Ça se passe au Zénith de Lille, il ya quelques années.
Et là je dis “Zénith de Lille” et tu captes tout de suite de quoi il s’agit.
Zénith de Lille, blindé de monde, 4000 personnes venues applaudir les vedettes de la tournée “ ge tendre et têtes de bois”.
Et Tonton Fabian fait la première partie.
Les auditeurs le savent peut-être pour certains, je suis aussi chanteur et comédien.
J’avais obtenu, en grande partie grâce à toi si j’ai bonne mémoire d’ailleurs, de pouvoir passer en première partie de ce spectacle.
Ce jour-là, pas de temps pour effectuer des balances.
On peut faire une balance 10 secondes dans les coulisses.
Puis on me dit qu’on ne peut pas ouvrir le rideau parce qu’on ne veut pas que le public voit le décor, donc tu vas chanter devant le rideau. Tu montes sur les escaliers, tu te diriges au centre de la scène et là tu chantes.
Bon, dis-je, OK.
Il faut savoir qu’entre le rideau et le bord de la scène, il n’y a même pas 1 mètre, c’est très étroit. Moi je ne suis pas très à l’aise en hauteur, mais soit, je dis : “Je vais gérer”.
Donc pas de balance, pas de répétition, rien.
On envoie la musique …
On ne repère pas la scène.
Non, aucun repérage, c’est le noir le plus complet.
Moi, j’écoute ce qu’on me dit. Je monte sur scène, la musique est déclenchée. Je marche jusqu’au point où on m’a dit de marcher, à savoir le centre de la scène, et au moment où je me poste pour entamer dans quelques instants les premières notes de ma chanson, mon pied gauche tombe dans un trou qui était recouvert par un tapis. Je me rattrape avec le coude de gauche.
Donc je tombe de manière assez profonde.
Il faut savoir qu’il y a un caméraman, que sûrement j’ai ma tronche sur les deux grands écrans – les immenses écrans devrais-je dire – qui sont situés dans dans la salle.
Je reste un instant éberlué. Je me relève et je dis aux gens – d’òú m’est venue cette parole, je n’en sais rien – je leur dis : “Vous connaissez déjà la chute.”
Je les fais applaudir et je chante.
Je chante mes deux chansons puis je descends de scène.
Là, il y a un monsieur qui m’aborde dans les coulisses. Il me dit : “Vous êtes tombé ?”
Je dis oui.
Le public n’a rien vu, me dit-il.
Et tout en parlant avec lui, je me dis : “Je connais ce monsieur, d’où est-ce que je le connais ?”
Je lui dis : “Ma mère l’a vu parce que je sais que ma mère est dans la salle, avec toi.”
Puis je reconnais ce monsieur. C’est Hervé Vilard !
Puis, je vous vois arriver, toi, quelques amis et ma mère notamment.
Vous êtes blêmes, on dirait des cadavres tellement, je pense, vous avez eu peur pour moi.
Et moi je me sens bien.
Je me sens bien parce que j’ai envie de dire du bonheur de la chute. Je me sens bien parce que finalement, ce n’est pas de ma faute. On m’a mal briefé.
Je m’en suis plutôt bien sorti.
Et je me dis : “Le problème, ce n’est pas le problème. Le problème, c’est comment tu te gères dedans.”
Si j’avais été très mal, si je m’étais senti extrêmement humilié, je l’aurai été.
Mais comme je ne me sentais pas humilié pour un demi sous… Je n’y étais pour rien, moi, si on me faisait chanter dans des conditions vraiment insupportables et si on me traitait moins bien qu’une m.*.r.d.e. Voilà, c’est leur choix, c’est pas mon choix.
Et je me suis dit ce jour-là : “Finalement, le problème n’est jamais le problème. Mon attitude par rapport au problème, c’est là que tout change. Mais ça, ça c’est sous mon contrôle.”
Qu’il y ait un tapis qui recouvre le trou, ce n’est pas sous mon contrôle. Comment je vais me gérer dans cette chute, c’est sous mon contrôle.
Et finalement je garde un excellent souvenir de cette chute.
Ce jour-là, la vedette, ce n’était pas Hervé Vilard, c’était moi.
Je le confirme.
Merci Fabian.