Les couleurs du silence

 

Sud Radio, la Minute du Coach !

Pablo :  Bonjour, Fabian.

Fabian :  Bonjour, Pablo.

Est-il vital, pour son équilibre, de se nourrir de silence ?

Certes, mais tout dépend de quel silence on parle.
C’est ça qui est intéressant.

Plusieurs nuances de silence ?

50 nuances, sans doute…
Mozart disait que la musique, c’est du silence entre les notes.
Et Pascal, dans un autre registre, a dit : “Le silence est la plus grande persécution ; jamais les Saints ne se sont tus.”
Dans un autre registre encore, on sait, en Art Oratoire, que le silence avant ou après un argument décuple l’impact de l’argument. Par exemple, si je dis : “Chérie, je t’aime. Qu’est-ce qu’on fait ce soir ?”, ça n’aura pas le même impact que si je dis : ” Chérie …, je t’aime.”
Bon, bien sûr, j’y mets une autre intention…

Ou l’emphase…

Effectivement.
Je me souviens d’un de mes clients que je coachais, qui s’appelait Thierry. Lors de la deuxième session de coaching, il me dit : “Oh, j’ai suivi tes conseils.”. Ce qui n’était pas le cas, vous allez comprendre pourquoi.
“Oui, j’ai vu ma mère !”. Il m’avait dit de sa mère : je ne connais personne qui fait autant de mal avec sa bouche que ma propre mère. C’était extrêmement violent comme propos.
Donc, il avait revu sa mère qui s’était excitée devant lui. Et lui s’était tu.
Mais quelle couleur avait son silence ? Quelle était sa densité ?
Quoi qu’il en soit, la conclusion de Thierry fut : “Ça l’a rendu folle !”.
Donc le silence avait rendu sa mère folle.
Quand, par exemple, des amis se taisent, vous laissent dans le plus grand silence – un ami ou un amant, une amante, un amoureux, une amoureuse – ce silence peut coincer, piéger.
Quoi de plus perturbant, en effet.
Car on peut tout y mettre, tout y ranger, tout y fantasmer. On peut s’y noyer, surtout, dans ce silence absolu, dans ce silence infini.
Se taire, ne donner aucun signe de vie, c’est laisser l’autre pendu littéralement à un fil. C’est innommable.

Mais le silence est-il une réponse ?

Pour moi, non. Ce n’est pas une réponse entre un adulte qui s’exprime face à un autre adulte. Ce n’est pas une réponse digne.
C’est une réponse qu’on peut tolérer d’un adolescent qui se cherche encore, de quelqu’un qui manque encore d’éducation, mais qu’on ne peut pas admettre de la part d’une personne mûre.
Ce silence-là, comme le bannissement… C’est la même chose. C’est une forme de bannissement dans certaines peuplades. Bannir quelqu’un ou faire semblant que quelqu’un n’existe pas.
Or, quand vous laissez quelqu’un complètement dans le silence, c’est comme si ce quelqu’un n’existait pas. Je trouve que c’est l’une des plus violentes formes de communication. C’est d’une violence inouïe. Je ne la conseille à personne.
N’oubliez pas : le silence peut être une arme extraordinaire pour communiquer, pour décupler l’impact d’un argument, pour dire des choses magnifiques, mais le silence peut aussi détruire.
Bon Vol avec les Aigles.

 

 

 

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