Mettez-vous dans l’abîme

Pablo : Bonjour, Fabian.

Fabian : Bonjour, Pablo.

 

Mettez-vous dans l’abîme. Est-ce une posture ou que sais-je ?

 

C’est un paradigme, en tout cas. Quand j’étais à Solvay comme étudiant, l’un de nos professeurs, monsieur Schankermann , nous disait : « High Risk, High Return. Low Risk, Low Return. No Risk, no Return. »

Donc : « Haut risque, haut rendement. Haut retour sur investissement. Faible risque, faible rendement. Pas de risque, pas de rendement. »

Un peu plus tard, Olivier Witmeur, qui détient la chaire d’entrepreneuriat à Solvay, nous disait que l’entrepreneur devait certes prendre des risques, mais acceptables.

Alors, tu pourrais me rétorquer : « Ne nous adressons pas exclusivement à des entrepreneurs. » 

Eh bien si, précisément. Chacun est entrepreneur…

 

On l’est tous…

 

… de sa vie, certes.

Et de quoi se rend-on compte ? Que la vie commence en dehors, on le sait, de la zone de confort. et dès lors – et ça, je l’ai appris au théâtre – se mettre en danger devient presque une condition sine qua non de l’existence, de la vraie existence.

Quand on sent que chacune de nos cellules, chacune de nos fibres vibre…

 

Oui, mais… C’est quoi se mettre en danger ?

 

Se mettre en danger, c’est affronter ses démons. Gandhi disait que nos seuls démons sont ceux qui courent en nos propres cœurs. 

Je réfléchis beaucoup pour un prochain spectacle sur la notion de courage, j’ai un peu de mal à la cerner. Mais je suis convaincu qu’une vie sans mise en danger ou sans mise en abîme, ça serait comme un acteur qui – lors d’un spectacle – ne se mettrait pas lui-même en danger.

Un acteur, un chanteur, un artiste qui ne se met pas en danger, il ne crée pas. Je transpose et je me dis : « Un être vivant qui ne se met pas en danger, il ne crée pas plus. » 

Il traverse les instants. Il ne les incarne pas.

Je ne dis pas qu’il faut se mettre systématiquement en danger, toujours, mais régulièrement aller titiller ses limites sans forcément -ce n’est pas le message – risquer sa vie, risquer sa peau. Ce n’est pas du tout le message, mais au moins s’exposer.

 

Mais est-ce que se mettre en abîme, c’est aussi en quelque sorte sortir de sa zone de confort ?

 

C’est complètement ça. C’est même plus loin que ça. C’est grandir. 

J’ai la conviction qu’il n’y a que dans ces moments-là que l’on grandit réellement. Que l’on sait quels sont les chevaux qui sommeillent sous notre capot.

 

En d’autres termes et de manière très populaire, ne jamais se reposer sur ses lauriers ?

 

De manière populaire, oui. Si, se reposer de temps à autre sur ses lauriers avant de repartir.

 

Merci beaucoup. On repart justement de plus belle en musique sur Sud Radio et on revient la semaine prochaine avec une autre thématique dans la Minute du Coach.

 

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