Nos échecs sont-ils vertueux ? – 1ère partie

Nos échecs sont-ils vertueux

 

Sud Radio, la Minute du coach

 

Pablo :  Fabian, bonjour.

Fabian :  Bonjour Pablo !

Bienvenue pour cette séquence que vous suivez, très nombreux, chaque semaine sur Sud Radio, avec Fabian Delahaut.
Nos échecs sont-ils vertueux ? Alors ?

Quelle question !

Et oui !

Figure-toi que j’ai eu la chance de rencontrer Charles Pépin, qui est un philosophe français.

Quelle chance !

Oui, c’est un vrai bonheur. Un philosophe accessible, lisible et que je recommande, notamment – parce qu’il a écrit plusieurs livres vraiment excellents – je recommande notamment à nos auditeurs “Les vertus de l’échec”, qui est déjà un titre extrêmement intéressant.
Est-ce qu’un échec peut-être vertueux ?
Et on apprend…

Il paraît qu’on avance dans la vie en se plantant, finalement.

On n’avance que comme ça.
Par exemple, le petit bout d’homme, le bébé quand il naît, il est complètement prématuré. Alors que le petit poulain, lui, est tout de suite sur ses gambettes et prêt à déguerpir et à fuir un prédateur.
Le bébé idéalement, selon les biologistes, il lui faudrait 18 à 21 mois. Mais comme il naît parfaitement prématuré, il va tenter pendant un an de se mettre debout et ça lui vaudra 2000 essais environ.

C’est énorme !

2 000 essais !
Tu vois le fameux adage “L’erreur est humaine mais persévérer est diabolique” ?
Souvent, quand on le prononce, on pense : “c’est normal qu’un homme fasse des erreurs”.
En réalité, ça vient de cela, du fait que nos apprentissages sont basés sur nos erreurs, sur nos échecs.
Si on procède à une lecture épistémologique de l’échec et qu’on se réfère, notamment, à Gaston Bachelard quand il rédige sur la formation de l’esprit scientifique : que dit-il ?
Que tout progrès, en l’occurrence scientifique, est une rectification de l’erreur initiale.
Et on pense bien sûr à Thomas Edison et à ses 10 000 essais avant d’inventer l’ampoule.
Bref, ce que je veux vous dire, c’est qu’il y a une manière de saluer, voire de célébrer l’échec qui nous permet de le transformer en échec vertueux.
Ce n’est pas toujours vertueux !
Il y a 5 conditions pour qu’un échec soit vertueux. Est-ce que ces cinq conditions t’intéressent Pablo ?

Mais évidemment.

Chouette.

La première ?

La première condition, c’est qu’il n’y ait pas de déni de l’échec.
Par exemple, on entend souvent, dans les médias, notamment sur Sud Radio, que tel grand patron d’entreprise a été licencié parce qu’il a mal fait son travail, en tous cas que l’entreprise ne fonctionne pas bien et pourtant il s’en sort avec un parachute doré.
L’entreprise va mal, on a licencié à tour de bras et cette personne s’en tire avec des millions à la clé. Ça, c’est vraiment une institutionnalisation de l’échec.

Donc pas de déni ? Il faut être dans l’acceptation ?

Oui, absolument !
L’échec, l’avantage de l’échec est qu’il nous confronte au réel. On se cogne contre le réel.
Alors que les grands succès… Toi qui côtoie de nombreux artistes, de grandes vedettes même, des stars, tu as certainement déjà entendu certaines d’entre elles te dire, alors qu’elles vivaient un grand succès : ” Je ne réalise pas, je ne comprends pas bien ce qui m’arrive”.
Alors que l’échec, quand tu le vis, tu réalises tout de suite.
Le succès peut te mettre dans une forme, dans un état de lévitation. Et effectivement, tu ne te rends pas compte de ce qui survient mais l’échec, lui, te ramène à la terre.
Je reviendrai un peu plus tard sur cette notion-là.
La deuxième chose, c’est qu’il ne doit pas y avoir d’identification. Je ne suis pas mon échec. J’ai raté mais je ne suis pas un raté. C’est très important de dissocier les deux.
La troisième raison : je dois interroger mon échec. Je dois le questionner.
Qu’est ce qu’il me raconte ? Est-ce que si j’échoue cela veut dire que je dois persévérer ? Continuer vers mon objectif, vers mon but ? Est-ce que je dois bifurquer ?
Là encore, je reviendrai lors d’une prochaine Minute du Coach sur ces deux options qui s’offrent à nous.
Quoi qu’il en soit, c’est extrêmement difficile de s’interroger, d’interroger ses échecs tout seul. Le mieux est encore de se faire aider par un coach, un thérapeute. En tous cas quelqu’un qui va nous éviter de tourner dans la roue comme un hamster.
La quatrième condition, elle ne dépend pas de nous, malheureusement. C’est lié à l’environnement.
Est-ce que dans notre environnement l’échec est perçu, est vécu comme une tare?
Souvent c’est bien le cas, notamment dans l’enseignement. Ou est-ce qu’à contrario on va le célébrer à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis.ç
Si tu te souviens, quand Michaël Jordan jouait en NBA, souvent on le présentait travers ses succès et on disait de lui que c’était l’une des personnes, l’un des joueurs qui avait le plus raté de paniers mais aussi l’un de ceux qui avaient le plus marqué de paniers.
Aux Etats-Unis, quand un entrepreneur fait faillite, les banquiers le suivront quand même en pensant : “il a appris, ce sont des erreurs qu’il ne commettra plus”.
Ici, chez nous, fais faillite et tu as une croix rouge sur la tête. Ça va être très dur pour toi, tu vas en baver.

Et la dernière, c’est la cerise sur le gâteau.

Oui, elle est très intéressante : il n’y a d’échec vertueux que si tu as osé, que si tu as fait preuve d’audace.
Je prends un exemple : tu es à une soirée et tu vois cette personne qui te fait vibrer, qui t’envoie des papillons dans le ventre. Tu as envie d’y aller puis tu n’y vas pas. Tu n’as pas cette audace-là, tu n’as pas ce courage-là, puis cette personne s’en va…
Il y a échec parce que tu n’auras jamais pu la rencontrer. Et en plus, tu n’auras pas osé.
Double peine, dit Charles Pépin.
Bon Vol avec les Aigles !

 

 

 

 

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