L’éloge de la lenteur

 

Sud Radio, la Minute du Coach

 

Pablo :  Nous accueillons Fabian Delahaut, de la Eagle Academy.
Merci d’être là, fidèle au poste, comme chaque semaine sur Sud Radio. Tu vas bien ?

Fabian :  Je vais bien. C’est un immense plaisir pour moi d’être à ce micro et de partager des choses qui me touchent. J’espère qu’elles vous touchent aussi.

Et aujourd’hui, tu partages l’éloge de la lenteur.

Oui ! Et ceux qui me connaissent bien savent que c’est un titre curieux, parce que j’ai l’habitude d’exhorter les gens que j’accompagne, mes clients, à la vitesse extrême de mise en œuvre.
Je m’adresse surtout à des entrepreneurs, et je leur dis très souvent – je reprends cette métaphore – je leur dis : “Être un entrepreneur, c’est construire l’avion dans la descente”.

Quand tu te jettes de la falaise et que tu construis ton avion
Et aujourd’hui, je voudrais prendre le contre-pied même si, on va s’en rendre compte, faire l’éloge de la lenteur ne va pas forcément à l’encontre de la vitesse extrême de mise en œuvre.
Au demeurant, nous savons tous les deux, Pablo, et vous chers amis, nous savons que la lenteur, dans certains cas, c’est plutôt indiqué.
Comme le disait un de mes amis : ” Il y a des coups courts, il y a des chouettes coups courts et il y a des chouettes coups longs”. Enfin mais je vais arrêter d’être salace, ce n’est pas l’objectif…
Ça te ressemble pas !

Ce n’est pas l’objectif de cette Minute du Coach.
Il m’est revenu une anecdote.
Un de mes amis, il y a très longtemps, j’étais ado – il s’appelle Christophe – qui m’avait raconté une escapade en montagne. Il me disait :
“Ouais, voilà, on était une bande de jeunes et on part à l’assaut de la pente, on monte et on dépasse un monsieur beaucoup plus âgé qui montait tranquillement avec son bâton de marcheur. Nous on y allait plein pot, joyeux, francs battant. On se pose, on boit, on mange et qui voit-on passer devant nous ? Le vieux monsieur montagnard. Fin du repas et du moment de repos, on repart à l’assaut de la montagne. On dépasse le vieux monsieur, tonitruants. Un peu plus tard on se pose à nouveau, qui nous dépasse ? Le vieux montagnard”.
Et ainsi de suite jusqu’au sommet où il est arrivé avant eux.
Alors ici on comprend aussi le principe fort que Thierry Marx, le fameux chef, emploie pour diriger ses troupes – qui est : Rigueur, Engagement, Régularité. RER – que j’ai déjà abordé à ce micro.
Et on comprend qu’on peut être lent et rapide à la fois. C’est ni plus ni moins que la fable de La Fontaine entre le lièvre et la tortue.
Mais pourquoi je vais aborder ça ? Parce que, culturellement, de plus en plus – je le vois autour de moi, j’observe et chez moi également – nous voulons tout, tout de suite.
Nous voulons tout, tout de suite !
Or – nous aimons tous les deux, nous sommes passionnés par les chevaux et par l’équitation – comme tu le sais, devenir un excellent cavalier, ça prend un temps presque infini. Ça prend plus qu’une vie, ça prend tout de notre vie. Si vous pratiquez les arts martiaux, vous pourrez – parce que l’équitation est aussi un art martial – vous pourrez également vous dire la même chose. Si je veux devenir un champion en arts martiaux, ça va me prendre toute la vie.
Voilà en quoi je veux faire l’éloge de la lenteur et vous raconter encore une anecdote.
Ça se passe au cours Florent, au tout début de ma première année au cours Florent, qui pour ceux qui ne connaissent pas est une école assez célèbre où on forme des comédiens, des acteurs, à Paris.
François Florent, le créateur du cours, est présent dans la salle. C’est l’examen de première année. L’examen de première année consiste en une série de scènes que nous avons d’abord improvisées en classe et puis on en a fait un spectacle. On a fait un montage de ces différentes scènes, on en a fait un spectacle. Et je n’oublierai jamais la première scène, comment elle se déroule et comment François Florent, avec son gros cigare, va commenter cette première scène.
Il est au fond de la salle, avec notre professeur Valérie Nègre, il a ce gros cigare et la première scène commence. Et des comédiennes doivent allumer un gâteau. Patatras !
Comment ça se produisait en répétition ? Très bien ! On grillait une allumette et on allumait les bougies du gâteau. Et là, devant François Florent, le jour de l’examen, on craque une allumette, rien. On craque une deuxième allumette, rien ! Et la comédienne de s’énerver, en tâchant de faire passer son propre énervement dans la psychologie de son personnage, mais personne n’est dupe, certainement pas François Florent qui en a vu d’autres.
On sent bien que c’est la comédienne qui est stressée et non pas le personnage.
Survient le débriefing de tout l’examen, et Florent de dire : “La première scène, la première scène avec le gâteau, les allumettes que vous craquez, qui ne s’allument pas … Prenez le temps. Vous craquez une allumette, elle ne s’allume pas, alors posez-la, prenez-en une autre. Craquez-la. Elle ne s’allume pas ? Posez la, prenez en une autre. Elle ne s’allume pas ? Posez-la, prenez-en une autre …”
Prenez le temps de jouer les choses. Et vous, les amis, prenez le temps de Vivre.

 

 

 

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